1978, je crois...
Grande exposition consacrée au peintre américain
Robert Motherwell..
Guy Scarpetta me conseille vivement d'y aller!....Les paroles des enseignants qui ont vraiment compté pour moi, étant quasiment sacrées, je m'y rends...Deux jours avant, je me sentais déjà terriblement excité...Le jour même, extrême fébrilité à l'approche du musée... J'entre..Envie,contradictoire, de tout voir en même temps et de rester installé devant chaque oeuvre aussi!...
Je sens, alors, pour la première fois, qu'un seul corps ne me suffit pas!...
Puis...un mur de peinture..
Blueness of the blue...
J'ai à peine le temps de me dire que je suis heureux...évanouissement!...
Je me retrouve, dans une petite salle, laide et étroite, avec des gens..je les entends:"On appelle les urgences?..." Depuis, la scène s'est reproduite..elle s'est même amplifiée...
Depuis,aussi, prudent, je ne me rends jamais seul dans un musée....
Plus grave..cela fonctionne aussi avec la musique...
Avec cela, par exemple,
https://www.youtube.com/watch?v=r0B-PXhm70gPs: L'enregistrement est mauvais..mais, regardez le visage de
Philippe Jarrousky..il n'est pas avec nous, pas dans notre monde, c'est évident!..
Je sais donc que je dois veiller à m'asseoir avant....
De tout cela..une leçon....Je ne suis pas normal...mais cette anormalité, je la chéris!...
PS:Bénéfice immense de cette façon de "voir" les oeuvres... Je suis encore, à l'instant même où j'écris,, devant
Blueness of the blue...J'entends les gens autour, rares à l'époque, je sens l'odeur de la salle...et, surtout, je suis dans la toile!...
Cela ne finit pas, systématiquement, par des évanouissements, mais par des états, comme de transe, que je souhaite finalement à ceux que j'aime...Ma compagne sait, maintenant... Maintenant,..elle devine..elle devine quand une oeuvre me touche..et qu'il y a danger!....Sentiment étrange, d'être accompagné, par une garde du corps, une infirmière...
Pontormo,
Bonnard..et surtout, le Maître...
Nicolas de Staël..."fonctionnent" à chaque fois...
Comme je plains, aujourd'hui, les foules océaniques qui, bien massées devant une toile qu'il FAUT voir, mêlent leurs sueurs et s'entremêlent, quelques fractions de seconde...uniquement pour faire une mauvaise photo d'une oeuvre qu'ils regarderont...après...La regarderont-ils d'ailleurs?....